À l'aube de cette nouvelle année, notre départ approche à grands pas.

Notre projet commence à se faire savoir, et nous ne pouvons échapper à la foultitude de questions que notre entourage nous pose.

Parmi celles-ci, et de toute évidence celle dont la réponse est la plus complexe: l'inévitable "pourquoi ?", qui est bien plus souvent posée en d'autres termes, de manière détournée, mais qui inévitablement me renvoie toujours à cette interrogation essentielle.

"Comment vous est venue cette idée (sous-entendue saugrenue) ?"
"Ne pensez-vous pas avoir passé l'âge pour ce genre de choses ?"
"Et le boulot ? Et l'argent ? Comment allez-vous faire en rentrant ?"
"Et puis tous ces attentats, le monde va mal, vous devriez rester en France, c'est plus sûr !"

Toutes ces questions montrent à quel point notre vision du monde est complètement angoissée et formatée. En fait, c'est justement le rejet de cette vision du monde qui nous a tout d'abord donné l'envie de ce périple, de cette aventure.

Pour avoir un peu voyagé, et pour évoluer dans des milieux où nous sommes amenés à rencontrer du monde, beaucoup de monde, et d'horizons différents, avec qui nous discutons et échangeons, pour nous intéresser à l'actualité par des canaux autres que ceux de la télé (la lecture, la radio, les spectacles, les blogs et forums alternatifs, la musique bien sûr, etc.), nous sommes persuadés que le monde entier n'est pas mauvais, qu'il existe forcément de la bonté sur terre, que l'être humain est accueillant, et que l'existence n'est pas uniquement régie par toutes les atrocités qui nous sont matraquées quotidiennement.

Vous allez nous dire, "mais quels naïfs et inconscients êtes-vous ?" Alors peut-être le sommes-nous, et peut-être allons-nous prendre des risques pendant ce voyage, mais plutôt crever que de se priver d'aller vérifier par nous-mêmes comment va le monde.

Et puis voyager nous rend heureux. Nous ne serions pas forcément plus épanouis dans la construction d'un schéma de vie classique, tracé, bien que nous puissions concevoir que nos amis et notre famille se sentent heureux de cette façon. Nous préférons tout plaquer et vivre à fond, et aller jusqu'au bout de ce choix plutôt que de regretter toute noyre vie de ne pas avoir réalisé nos rêves.

Nous nous laissons entendre dire que l'insécurité est partout... alors si elle est aussi à notre porte, nous préférons nous en éloigner. Si elle est partout, nous ne nous sentirons pas plus en insécurité au fin fond de la Mongolie ou dans une mégalopole asiatique qu'au seuil de notre porte, justement !
Et puis c'est un fait, l'actualité est biaisée. Pourquoi les grands médias ne parlent que d'attentats et de politiciens véreux, alors que chaque jour le monde connaît des avancées scientifiques, sociales, économiques, écologiques, portées bien souvent par la société civile (parce que ce ne sont certainement pas sur les politiques qu'il nous faut compter) ? Le monde n'est pas totalement pourri, mais ça on ne nous le dit pas. Tout ce marasme nous rend fatalistes, aigris, ou bien apeurés, effrayés, dépités, découragés. Nous perdons confiance en l'homme, en sa capacité à être bon, nous n'avons plus foi en l'humanité, alors que c'est d'elle dont nous avons le plus besoin! Comment se respecter et respecter l'autre si nous ne croyons plus en elle?

Nous ne voulons pas sombrer dans cette vision désastreuse du monde, et espérons bien que les rencontres sur la route nous persuaderont que nous avons fait le bon choix en décidant de partir et de voyager.

Et d'être heureux, tout simplement.