Vendredi 30 mars

Après presque 5 mois en Asie du Sud-Est, direction: India ! Nous nous retrouvons de Bangkok à New Delhi en un rien de temps, dire que les 4h30 de vol qui nous ont propulsé 3000 km plus à l’ouest, nous auraient à peine permis de parcourir une soixantaine de kilomètres à vélo... Quel bond dans l’espace ! Et dans le temps aussi, puisque nous nous prenons 1h30 de décalage horaire. Ce n’est pas beaucoup, mais jusque maintenant nous les avions vécu avec plus de douceur...

Dans l’avion déjà, nous sentons que nous chageons de pays, de culture. La compagnie est thaï, mais les passagers sont indiens, et le repas servi également. Tout de suite l’ambiance est posée : ça parle et ça rit plus fort, et le repas est végétarien, et délicieux. Après toutes ces années, je me sens de nouveau un peu chez moi !

Nous récupérons les bagages et les vélos, qui ont très bien vécu le voyage. Pas un pète, pas une rayure, rien. Nos emballages en cellophane ont super bien résisté, et on est plutôt satisfaits de la méthode d'empaquetage choisie, plutôt qu’un carton qui n’apporte aucune prise en main au chargement et déchargement. Un gros bémol tout de même, nous venons littéralement de mettre à mal en seulement quelques minutes tous ces mois d’efforts inimaginables de lutte contre le plastique...

Direction l’hôtel, en taxi, les vélos sur le toit. Nous avons au bas mot mis une heure pour le trouver, alors qu'il n'était qu'à 5 km à peine de l'aéroport: le taxi était sur la bonne voie, mais maps.me nous a alors induit en erreur, et j’ai préféré le suivre plutôt que le chauffeur qui avait raison. Re-découverte du trafic indien, mais cette fois-ci avec un regard de cyclo... quelle foire, quel bordel !!! Je sens qu’on va bien rigoler... (rire jaune)


Samedi 31 mars

Après une bonne nuit, nous passons la matinée à remonter les vélos, sous les regards curieux des clients et patrons de l’hôtel, mais aussi des passants. Quelques-uns nous approchent pour des selfies, d’autres osent nous poser les questions devenues maintenant ritournelles: « which country ? » et sa variante plus élaborée: « where do you come from? », « what’s your name? », « India first time ? », parfois « how much bicycle? », à laquelle on a évidemment appris à mentir outrageusement (100 euros par vélo, on est bien loin de la réalité !), et souvent terminées par un « welcome to India my friend ! »

Vers midi, nous sommes prêts. L’objectif de la journée est de rejoindre Gurgaon, ville de l’agglomération de Delhi, à une quinzaine de kilomètres au sud de Mahipalpur, le quartier de l’aéroport. Tarun, un hôte Warmshowers, nous attend le lendemain, mais nous souhaitons déjà nous rendre par là-bas et trouver un hôtel proche de chez lui.

La conduite est sport, il faut vraiment être hyper attentif à ce qui vient de tous les côtés, mais les réflexes arrivent vite. C’était une bonne idée je crois que d’être passés par la Chine et l’Asie du Sud-Est avant, cela nous a permis un bon entraînement !

Nous prenons tout notre temps en route. Avant toute chose, la pause nécessaire pour notre premier repas indien. Un délice ! Quel bonheur que de retrouver la cuisine indienne ! Au programme: un Khadai paneer, un paneer mattar, deux lassi (un salé pour moi, un sucré pour Vincent), et un riz basmati à se pâmer... 

Puis nous remontons en selle, repus et heureux: Petite visite d’un parc à la statue de Shiva imposante. Vérifications d’itinéraire. Observations. Notre recherche d’hôtel se vouera malheureusement à l’échec, tous ceux tentés refusant les étrangers... c’est bien la première fois que cela m’arrive en Inde !!! Dépités, nous rebroussons chemin pour retourner à celui de la veille. Les employés étaient bien sympas après tout, ce n’était pas cher et on y était bien. Un bon thali dans notre petit resto du midi, et au lit !


Dimanche 1er avril

Nous décidons finalement de renoncer à notre hébergement en Warmshowers. Cela nous aurait effectivement trop éloigné de la gare, où nous devons nous rendre demain. Et puis nous devons passer chez l’amie d’une amie récupérer des affaires, et en déposer d’autres. Nous avions en effet envoyé par colis mes petites sacoches avec toutes nos fringues d'hiver, par colis de Vientiane au Laos. Shalini nous recevra avec un accueil super chaleureux, et nous invitera à rester déjeuner avec elle. Nous ne traînerons pas trop, car aujourd'hui nous nous rapprocherons de la gare de Delhi, pour dormir dans le quartier de Paharganj, repère des backpackers du monde entier. Nous nous disons néanmoins seulement au revoir, puisque nous nous reverrons à notre second passage à Delhi fin mai, quand nous finirons par récupérer toutes nos affaires.

Sur la route pour Paharganj, nous nous arrêtons devant le tombeau de Safdarjung (ne me demandez pas qui c'est), où nous faisons la rencontre de Romain, un français vivant à Bangalore, qui nous invite à passer par chez lui, car notre notre façon de voyager lui plait. Après une discussion sympa en sa compagnie et celle de son amie, nous reprenons la route, pour nous retrouver à la Gate of India, ce monument semblable à l'arc de Triomphe, emblématique de la ville de New Delhi. Ici, je réalise pleinement que ça y est, oui, nous sommes en Inde, et même si nous avons du prendre l'avion pour arriver dans le pays, nous en avons malgré tout parcouru des kilomètres à vélo pour en arriver là ! Séquence émotion, capturée par quelques selfies indiens... Je suis émue de ces retrouvailles avec l'Inde, ce pays que j'aime tant, mais qui me fera toujours autant halluciner, tant il peut m'échapper parfois...

Je suis vraiment heureuse d'être ici.

Car depuis la Thaïlande, Je ressentais vivement le besoin de me prendre de nouvelles claques, ce que je n'avais plus ressenti depuis un petit moment. Les thaïs sont adorables, il n'y a rien à redire sur leur hospitalité, et certains paysages sont très beaux. Nous avons passé en tout et pour tout deux mois vraiment sympas dans ce pays, grâce à de belles rencontres notamment (merci à Dom, Doudi, Ari et Nico), mais il me manquait cependant quelque chose... Un peu de challenge et de difficulté peut-être ?

Certainement.

Quoi qu'il en soit, ici, nous sommes servis. L'Inde est un pays complètement fou, qui met tous les sens en éveil, et qui les bouscule, même. Il requiert une attention de tous les instants, mais tout aussi contradictoire que cela puisse paraître, c'est aussi le pays où il faut savoir lâcher prise. En Inde, tous nos acquis sont chamboulés, et tout ce que l'on croit savoir peut subitement s'écrouler. Il peut arriver ici tellement de situations qui vont nous dépasser, nous agacer, nous fasciner, nous écœurer, sans que l'on ne comprenne pourquoi ni comment. S'il y a bien un endroit dans le monde où il ne faut pas "chercher à comprendre", c'est bien ici, en Inde, pays de tous les possibles, et impossibles... Incredible India, qu'ils disent !


Lundi 2 avril

Après une nuit plutôt tranquille dans le bazar de Paharganj, un nouveau challenge nous attend aujourd'hui, dans les méandres de l'administration indienne. Je ne suis pas pro, mais je peux dire que je connais un peu, après avoir passé pas moins de 3 semaines à arpenter je ne sais combien de bureaux et à remplir un nombre incalculables de papiers en août 2005 lors de mon inscription à l'Université de Pune.

L'objectif de la matinée est donc d'envoyer nos vélos vers Varanasi, si possible dans le même train que nous, via le service de colis de la Indian Railway. Avec un peu de patience et quelques forçages de coudes, nous avons réussi l'épreuve avec une facilité et une rapidité déconcertantes.

À nous notre première nuit dans les trains indiens, direction Varanasi !


(Marlène)